C'est la tombe de Jo le coyote un descendant des premiers occupants de ces terres arides de l'Ardèche méridionale. Un demi-homme au chapeau incliné sur une face patibulaire héritée d'une vie de rixes et de castagnes hivernales dans les tavernes ou sous le regard, à travers les fentes de volets clos, des paysans accoutumés à tant de gesticulations. Il y a de cela quelques années Jo le Coyote s'était assoupi devant un gros rocher sous la lune blanche qui noyait les terres alentour. La piquette d'un cabaretier avait eu raison de sa solidité légendaire. Son solex appuyé contre un genévrier déplumé il rêvait peut-être de retrouver la paillasse emplie de paille fichée devant la cheminée de sa grange et faisant office de chambre à coucher. La mort qui rodait comme chaque nuit d'hiver dans ces contrées sauvages était patiente et attendait son heure ; aussi en passant devant Jo le Coyote elle lui vola son âme et déguerpit par le chemin du ciel. Le 8 mai de cette année trois fleurs de chardon servaient d'épitaphe et murmuraient la légende de Jo le Coyote.
C'est devant ce rocher et cette croix fichée en terre, si maigre que le mistral se désespère devant tant de frugalité et d'arbrisseaux aux racines suppliantes, que j'ai vu cette scène. Le poète à toujours raison, tel disait Louis Aragon ... Je me souviens pas l'avoir croisé en Ardèche. Mais c'est une autre histoire.
CLIC sur la photo pour voir plus grand.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire